LA COMMUNION DES SAINTS
946 Après
avoir confessé " la sainte Église catholique ", le Symbole
des apôtres ajoute " la communion des saints ". Cet article
est, d’une certaine façon, une explicitation du précédent :
" Qu’est-ce que l’Église sinon l’assemblée de tous les
saints ? " (Nicétas, symb. 10 :
PL 52, 871B). La communion des saints est précisément l’Église.
947 " Puisque
tous les croyants forment un seul corps, le bien des uns est communiqué aux
autres (...) Il faut de la sorte croire qu’il existe une communion des biens
dans l’Église. Mais le membre le plus important est le Christ, puisqu’Il est la tête (...) Ainsi, le bien du Christ est communiqué
à tous les membres, et cette communication se fait par les sacrements de
l’Église " (S. Thomas d’A., symb. 13). " Comme cette Église
est gouvernée par un seul et même Esprit, tous les biens qu’elle a reçus
deviennent nécessairement un fonds commun " (Catech.
R. 1, 10, 24).
948 Le
terme " communion des saints " a dès lors deux
significations, étroitement liées : " communion aux choses
saintes, sancta " et
" communion entre les personnes saintes, sancti ".
I. La communion des
biens spirituels
949 Dans
la communauté primitive de Jérusalem, les disciples " se montraient
assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la
fraction du pain et aux prières " (Ac 2,
42) :
La communion dans la foi. La foi des fidèles est la foi
de l’Église reçue des apôtres, trésor de vie qui s’enrichit en étant
partagé.
950 La
communion des sacrements. " Le fruit de tous les sacrements
appartient à tous. Car les sacrements, et surtout le Baptême qui est comme la
porte par laquelle les hommes entrent dans l’Église, sont autant de liens
sacrés qui les unissent tous et les attachent à Jésus-Christ. La communion des
saints, c’est la communion des sacrements (...). Le nom de communion peut
s’appliquer à chacun d’eux, car chacun d’eux nous unit à Dieu (...). Mais ce
nom convient mieux à l’Eucharistie qu’à tout autre, parce que c’est elle
principalement qui consomme cette communion " (Catech.
R. 1, 10, 24).
951 La
communion des charismes : Dans la communion de l’Église,
l’Esprit Saint " distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres
(...) les grâces spéciales " pour l’édification de l’Église (LG 12). Or, " à chacun la manifestation de
l’Esprit est donnée en vue du bien commun " (1 Co
12, 7).
952 " Ils mettaient
tout en commun " (Ac
4, 32) : " Tout ce que le vrai chrétien possède, il doit le
regarder comme un bien qui lui est commun avec tous, et toujours il doit être
prêt et empressé à venir au secours de l’indigent et de la misère du
prochain " (Catech. R. 1, 10, 27). Le
chrétien est un administrateur des biens du Seigneur (cf. Lc
16, 1. 3).
953 La
communion de la charité : dans la sanctorum
communio " nul d’entre nous ne vit pour
soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même " (Rm
14, 7). " Un membre souffre-t-il ? tous
les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? tous les membres prennent part à sa joie. Or vous êtes le
Corps du Christ, et membres chacun pour sa part " (1 Co 12, 26-27). " La charité ne cherche pas ce qui
est à elle " (1 Co 13, 5 ; cf. 10,
24). Le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous,
dans cette solidarité avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur
la communion des saints. Tout péché nuit à cette communion.
II. La communion de l’Église du
ciel et de la terre
954 Les trois états de
l’Église. " En attendant que le Seigneur
soit venu dans sa majesté accompagné de tous les anges et que la mort détruite,
tout lui soit soumis, les uns parmi ses disciples continuent sur terre leur
pèlerinage ; d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ;
d’autres enfin sont dans la gloire contemplant ‘dans la pleine lumière, tel
qu’il est, le Dieu un en trois Personnes’ " (LG
49) :
Tous cependant, à des degrés divers
et sous des formes diverses, nous communions dans la même charité envers Dieu et
envers le prochain, chantant à notre Dieu le même hymne de gloire. En effet,
tous ceux qui sont du Christ et possèdent son Esprit, constituent une seule
Église et se tiennent mutuellement comme un tout dans le Christ (LG 49).
955 " L’union
de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans
la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence ; au contraire,
selon la foi constante de l’Église, cette union est renforcée par l’échange des
biens spirituels " (LG 49).
956 L’intercession des saints. " Étant en effet plus intimement liés avec le Christ, les
habitants du ciel contribuent à affermir plus solidement l’Église en sainteté
(...). Ils ne cessent d’intercéder pour nous auprès du Père, offrant les
mérites qu’ils ont acquis sur terre par l’unique
Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus (...). Ainsi leur sollicitude
fraternelle est du plus grand secours pour notre infirmité " (LG 49) :
Ne pleurez pas, je vous serai plus utile après ma mort et je vous
aiderai plus efficacement que pendant ma vie (S. Dominique, mourant, à ses
frères, cf. Jourdain de Saxe, lib. 93).
Je passerai mon ciel à faire du
bien sur la terre (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus,
verba).
957 La communion avec les
saints. " Nous ne vénérons pas seulement au
titre de leur exemple la mémoire des habitants du ciel ; nous cherchons
bien davantage par là à renforcer l’union de toute l’Église dans l’Esprit grâce
à l’exercice de la charité fraternelle. Car tout comme la communion entre les
chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté
avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur chef, toute
grâce et la vie du Peuple de Dieu lui-même " (LG
50) :
Le Christ, nous l’adorons, parce
qu’il est le fils de Dieu ; quant aux martyrs, nous les aimons comme
disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est juste, à cause de leur dévotion
incomparable envers leur roi et maître ; puissions-nous, nous aussi, être
leurs compagnons et leurs condisciples (S. Polycarpe, mart.
17).
958 La communion avec les
défunts. " Reconnaissant dès l’abord cette
communion qui existe à l’intérieur de tout le corps mystique de Jésus-Christ,
l’Église en ses membres qui cheminent sur terre a entouré de beaucoup de piété
la mémoire des défunts dès les premiers temps du christianisme en offrant aussi
pour eux ses suffrages ; car ‘la pensée de prier pour les morts, afin
qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse’ (2 M
12, 45) " (LG 50). Notre prière pour eux
peut non seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en
notre faveur.
959 Dans l’unique famille de
Dieu. " Lorsque la charité mutuelle et la
louange unanime de la Très Sainte Trinité nous font communier les uns aux
autres, nous tous, fils de Dieu qui ne faisons dans le Christ qu’une seule
famille, nous répondons à la vocation profonde de l’Église " (LG 51).
Paragraphe 6. MARIE – MERE DU CHRIST, MERE DE L’ÉGLISE
963 Après
avoir parlé du rôle de la Vierge Marie dans le mystère du Christ et de
l’Esprit, il convient de considérer maintenant sa place dans le mystère de
l’Église. " En effet, la Vierge Marie (...) est reconnue et honorée
comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur (...). Elle est aussi vraiment
‘Mère des membres [du Christ] (...) ayant coopéré par sa charité à la naissance
dans l’Église des fidèles qui sont les membres de ce Chef’ (S. Augustin, virg. 6 : PL 40, 399) " (LG
53). " ... Marie Mère du Christ, Mère de l’Église " (Paul VI, discours 21 novembre 1964).
I. La maternité de
Marie envers l’Église
Toute unie à son Fils...
964 Le
rôle de Marie envers l’Église est inséparable de son union au Christ, elle en
découle directement. " Cette union de Marie avec son Fils dans
l’œuvre du salut est manifeste dès l’heure de la conception virginale du
Christ, jusqu’à sa mort " (LG 57). Elle est
particulièrement manifeste à l’heure de sa passion :
La bienheureuse Vierge avança dans
son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son Fils jusqu’à la
Croix où, non sans un dessein divin, elle était debout, souffrant cruellement
avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice, donnant à
l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour
être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée comme sa Mère
au disciple par ces mots : " Femme, voici ton fils " (Jn 19, 26-27) (LG 58).
965 Après
l’Ascension de son Fils, Marie a " assisté de ses prières l’Église
naissante " (LG 69). Réunie avec les
apôtres et quelques femmes, " on voit Marie appelant elle aussi de
ses prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même
prise sous son ombre " (LG 59).
... aussi dans son Assomption...
966 " Enfin
la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute
originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et
âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de
l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des
seigneurs, victorieux du péché et de la mort " (LG
59 ; cf. la proclamation du dogme de l’Assomption de la Bienheureuse
Vierge Marie par le Pape Pie XII en 1950 : DS
3903). L’Assomption de la Sainte Vierge est une participation
singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection
des autres chrétiens :
Dans ton enfantement tu as gardé la
virginité, dans ta dormition tu n’as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu :
tu as rejoint la source de la Vie, toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par
tes prières, délivreras nos âmes de la mort (Liturgie byzantine, Tropaire de la fête de la Dormition [15 août]).
... elle est notre Mère dans l’ordre de la grâce
967 Par
son adhésion entière à la volonté du Père, à l’œuvre rédemptrice de son Fils, à
toute motion de l’Esprit Saint, la Vierge Marie est pour l’Église le modèle de
la foi et de la charité. Par là elle est " membre suréminent et
absolument unique de l’Église " (LG 53),
elle constitue même " la réalisation exemplaire ", typus, de l’Église (LG
63).
968 Mais
son rôle par rapport à l’Église et à toute l’humanité va encore plus loin.
" Elle a apporté à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans
pareil par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que
soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour
nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère " (LG
61).
969 " A partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour
de l’Annonciation et qu’elle maintint dans sa fermeté sous la Croix, cette
maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue sans interruption
jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après son
Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son
intercession répétée elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre
salut éternel. (...) C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans
l’Église sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de
médiatrice " (LG 62).
970 " Le
rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque cependant et ne diminue
en rien l’unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la
vertu. Car toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge (...)
découle de la surabondance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa
médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa
vertu " (LG 60). " Aucune
créature en effet ne peut jamais être mise sur le même plan que le Verbe
incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé
sous formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout
comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans
les créatures, ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais
suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en
dépendance de l’unique source " (LG 62).
II. Le culte de la Sainte
Vierge
971 " Toutes les
générations me diront bienheureuse " (Lc 1, 48) : " La piété de l’Église envers la
Saint Vierge est intrinsèque au culte chrétien " (MC 56). La sainte
Vierge " est légitimement honorée par l’Église d’un culte spécial. Et
de fait, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est honorée
sous le titre de ‘Mère de Dieu’ ; les fidèles se réfugient sous sa
protection, l’implorant dans tous leurs dangers et leurs besoins (...). Ce
culte (...) bien que présentant un caractère absolument unique (...) n’en est
pas moins essentiellement différent du culte d’adoration qui est rendu au Verbe
incarné ainsi qu’au Père et à l’Esprit Saint ; il est éminemment apte à le
servir " (LG 66) ; il trouve son
expression dans les fêtes liturgiques dédiées à la Mère de Dieu (cf. SC 103) et dans la prière mariale, telle le Saint Rosaire,
" abrégé de tout l’Évangile " (cf. MC 42).
III. Marie – Icône
eschatologique de l’Église
972 Après
avoir parlé de l’Église, de son origine, de sa mission et de sa destinée, nous
ne saurions mieux conclure qu’en tournant le regard vers Marie pour contempler
en elle ce qu’est l’Église dans son mystère, dans son " pèlerinage de
la foi ", et ce qu’elle sera dans la patrie au terme de sa marche, où
l’attend, " dans la gloire de la Très Sainte et indivisible
Trinité ", " dans la communion de tous les
saints " (LG 69), celle que l’Église vénère
comme la Mère de son Seigneur et comme sa propre Mère :
Tout comme dans le ciel où elle est
déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église
en son achèvement dans le siècle futur, de même sur terre, en attendant la
venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée
et de consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage (LG
68).
Article 10
" JE CROIS AU PARDON DES PECHES "
976 Le Symbole des apôtres lie la foi au pardon des péchés
à la foi en l’Esprit Saint, mais aussi à la foi en l’Église et en la communion
des saints. C’est en donnant l’Esprit Saint à ses apôtres que le Christ
ressuscité leur a conféré son propre pouvoir divin de pardonner les
péchés : " Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les
péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur
seront retenus " (Jn 20, 22-23).
(La deuxième partie du Catéchisme traitera explicitement du
pardon des péchés par le Baptême, le sacrement de Pénitence et les autres
sacrements, surtout l’Eucharistie. Il suffit donc d’évoquer ici brièvement
quelques données de base).
I. Un seul baptême pour
le pardon des péchés
977 Notre Seigneur a lié le pardon des péchés à la foi
et au Baptême : " Allez par le monde entier, proclamez la Bonne
Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera
sauvé " (Mc 16, 15-16). Le Baptême est le
premier et principal sacrement du pardon des péchés parce qu’il nous unit au
Christ mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification (cf. Rm 4, 25), afin que " nous vivions nous aussi
dans une vie nouvelle " (Rm 6, 4).
978 " Au moment où nous faisons notre
première profession de Foi, en recevant le saint Baptême qui nous purifie, le
pardon que nous recevons est si plein et si entier, qu’il ne nous reste
absolument rien à effacer, soit de la faute originelle, soit des fautes
commises par notre volonté propre, ni aucune peine à subir pour les expier
(...). Mais néanmoins la grâce du Baptême ne délivre personne de toutes les
infirmités de la nature. Au contraire nous avons encore à combattre les
mouvements de la concupiscence qui ne cessent de nous porter au mal "
(Catech. R. 1, 11, 3).
979 En ce combat avec l’inclination au mal, qui serait
assez vaillant et vigilant pour éviter toute blessure du péché ?
" Si donc il était nécessaire que l’Église eût le pouvoir de remettre
les péchés, il fallait aussi que le Baptême ne fût pas pour elle l’unique moyen
de se servir de ces clefs du Royaume des cieux qu’elle avait reçues de
Jésus-Christ ; il fallait qu’elle fût capable de pardonner leurs fautes à
tous les pénitents, quand même ils auraient péché jusqu’au dernier moment de
leur vie " (Catech. R. 1, 11, 4).
980 C’est par le sacrement de Pénitence que le baptisé
peut être réconcilié avec Dieu et avec l’Église :
Les pères ont eu raison d’appeler
la pénitence " un baptême laborieux " (S. Grégoire de Naz., or. 39, 17 : PG 36,
356A). Ce sacrement de Pénitence est, pour ceux qui sont tombés après le
Baptême, nécessaire au salut, comme l’est le Baptême lui-même pour ceux qui ne
sont pas encore régénérés (Cc. Trente : DS
1672).
II. Le pouvoir des clefs
981 Le Christ après sa résurrection a envoyé ses
apôtres " annoncer à toutes les nations le repentir en son nom en vue
de la rémission des péchés " (Lc 24, 47).
Ce " ministère de la réconciliation " (2 Co 5, 18), les apôtres et leurs successeurs ne
l’accomplissent pas seulement en annonçant aux hommes le pardon de Dieu mérité
pour nous par le Christ et en les appelant à la conversion et à la foi, mais
aussi en leur communicant la rémission des péchés par le Baptême et en les
réconciliant avec Dieu et avec l’Église grâce au pouvoir des clefs reçu du
Christ :
L’Église
a reçu les clés du Royaume des cieux, afin que se fasse en elle la rémission
des péchés par le sang du Christ et l’action du Saint-Esprit. C’est dans cette
Église que l’âme revit, elle qui était morte par les péchés, afin de vivre avec
le Christ, dont la grâce nous a sauvés (S. Augustin, serm.
214, 11 : PL 38, 1071-1072).
982 Il n’y a aucune faute, aussi grave soit-elle, que
la Sainte Église ne puisse remettre. " Il n’est personne, si méchant
et si coupable qu’il soit, qui ne doive espérer avec assurance son pardon,
pourvu que son repentir soit sincère " (Catech.
R. 1, 11, 5). Le Christ qui est mort pour tous les hommes, veut que, dans son
Église, les portes du pardon soient toujours ouvertes à quiconque revient du
péché (cf. Mt 18, 21-22).
983 La catéchèse s’efforcera d’éveiller et de nourrir
chez les fidèles la foi en la grandeur incomparable du don que le Christ
ressuscité a fait à son Église : la mission et le pouvoir de pardonner
véritablement les péchés, par le ministère des apôtres et de leurs
successeurs :
Le Seigneur veut que ses disciples
aient un pouvoir immense : il veut que ses pauvres serviteurs
accomplissent en son nom tout ce qu’il avait fait quand il était sur la terre
(S. Ambroise, pœnit. 1, 34 : PL 16, 477A).
Les prêtres ont reçu un pouvoir que
Dieu n’a donné ni aux anges ni aux archanges. (...) Dieu sanctionne là-haut
tout ce que les prêtres font ici-bas (S. Jean Chrysostome, sac. 3, 5 : PG 48, 643A).
Si dans l’Église il n’y avait pas
la rémission des péchés, nul espoir existerait, nulle
espérance d’une vie éternelle et d’une libération éternelle. Rendons grâce à
Dieu qui a donné à son Église un tel don (S. Augustin, serm.
213, 8 : PL 38, 1064).
Article 11
" JE CROIS A LA RESURRECTION DE LA CHAIR "
988 Le Credo chrétien – profession de notre foi en Dieu
le Père, le Fils et le Saint Esprit, et dans son action créatrice, salvatrice
et sanctificatrice – culmine en la proclamation de la résurrection des morts à
la fin des temps, et en la vie éternelle.
989 Nous croyons fermement, et ainsi nous espérons, que
de même que le Christ est vraiment ressuscité des morts, et qu’il vit pour
toujours, de même après leur mort les justes vivront pour toujours avec le
Christ ressuscité et qu’il les ressuscitera au dernier jour (cf. Jn 6, 39-40). Comme la sienne, notre résurrection sera
l’œuvre de la Très Sainte Trinité :
Si l’Esprit de Celui qui a
ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité
Jésus-Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par
son Esprit qui habite en vous (Rm 8, 11 ; cf. 1
Th 4, 14 ; 1 Co 6, 14 ; 2 Co 4, 14 ; Ph 3, 10-11).
990 Le terme " chair " désigne
l’homme dans sa condition de faiblesse et de mortalité (cf. Gn
6, 3 ; Ps 56, 5 ; Is 40, 6). La
" résurrection de la chair " signifie qu’il n’y aura pas
seulement, après la mort, la vie de l’âme immortelle, mais que même nos
" corps mortels " (Rm 8, 11)
reprendront vie.
991 Croire en la résurrection des morts a été dès ses
débuts un élément essentiel de la foi chrétienne. " Une conviction
des chrétiens : la résurrection des morts ; cette croyance nous fait
vivre " (Tertullien res. 1, 1) :
Comment certains d’entre vous
peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a
pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Mais si
le Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vide, vide aussi
votre foi. (...) Mais non, le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux
qui se sont endormis (1 Co 15, 12-14. 20).
. La résurrection du
Christ et la nôtre
REVELATION PROGRESSIVE DE LA RESURRECTION
992 La résurrection des morts a été révélée
progressivement par Dieu à son Peuple. L’espérance en la résurrection
corporelle des morts s’est imposée comme une conséquence intrinsèque de la foi
en un Dieu créateur de l’homme tout entier, âme et corps. Le créateur du ciel
et de la terre est aussi Celui qui maintient fidèlement son alliance avec
Abraham et sa descendance. C’est dans cette double perspective que commencera à
s’exprimer la foi en la résurrection. Dans leurs épreuves, les martyrs
Maccabées confessent :
Le Roi du monde nous ressuscitera
pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois (2 M 7, 9). Mieux vaut
mourir de la main des hommes en tenant de Dieu l’espoir d’être ressuscité par
lui (2 M 7, 14 ; cf. 7, 29 ; Dn 12, 1-13).
993 Les Pharisiens (cf. Ac
23, 6) et bien des contemporains du Seigneur (cf. Jn
11, 24) espéraient la résurrection. Jésus l’enseigne fermement. Aux Sadducéens
qui la nient il répond : " Vous ne connaissez ni les Écritures
ni la puissance de Dieu, vous êtes dans l’erreur " (Mc 12, 24). La foi en la résurrection repose sur la foi en
Dieu qui " n’est pas un Dieu des morts, mais des vivants "
(Mc 12, 27).
994 Mais il y a plus : Jésus lie la foi en la
résurrection à sa propre personne : " Je suis la Résurrection et
la vie " (Jn 11, 25). C’est Jésus lui-même
qui ressuscitera au dernier jour ceux qui auront cru en lui (cf. Jn 5, 24-25 ; 6, 40) et qui auront mangé son corps et
bu son sang (cf. Jn 6, 54). Il en donne dès
maintenant un signe et un gage en rendant la vie à certains morts (cf. Mc 5, 21-42 ; Lc 7,
11-17 ; Jn 11), annonçant par là sa propre
Résurrection qui sera cependant d’un autre ordre. De cet événement unique Il
parle comme du " signe de Jonas " (Mt 12, 40), du signe du
Temple (cf. Jn 2, 19-22) : il annonce sa Résurrection
le troisième jour après sa mise à mort (cf. Mc 10,
34).
995 Être témoin du Christ, c’est être
" témoin de sa Résurrection " (Ac
1, 22 ; cf. 4, 33), " avoir mangé et bu avec lui après sa
Résurrection d’entre les morts " (Ac 10,
41). L’espérance chrétienne en la résurrection est toute marquée par les
rencontres avec le Christ ressuscité. Nous ressusciterons comme Lui, avec Lui,
par Lui.
996 Dès le début, la foi chrétienne en la résurrection
a rencontré incompréhensions et oppositions (cf. Ac
17, 32 ; 1 Co 15, 12-13). " Sur aucun
point la foi chrétienne ne rencontre plus de contradiction que sur la
résurrection de la chair " (S. Augustin, Psal.
88, 2, 5). Il est très communément accepté qu’après la mort la vie de la
personne humaine continue d’une façon spirituelle. Mais comment croire que ce
corps si manifestement mortel puisse ressusciter à la vie éternelle ?
Comment les morts ressuscitent-ils ?
997 Qu’est-ce que
" ressusciter " ? Dans la mort, séparation de
l’âme et du corps, le corps de l’homme tombe dans la corruption, alors que son
âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d’être réunie à son
corps glorifié. Dieu dans sa Toute-Puissance rendra
définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes, par
la vertu de la Résurrection de Jésus.
998 Qui ressuscitera ? Tous les hommes qui sont
morts : " ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la
vie, ceux qui auront fait le mal, pour la damnation " (Jn 5, 29 ; cf. Dn 12, 2).
999 Comment ? Le Christ est ressuscité avec son
propre corps : " Regardez mes mains et mes pieds : c’est
bien moi " (Lc 24, 39) ; mais Il n’est
pas revenu à une vie terrestre. De même, en Lui, " tous
ressusciteront avec leur propre corps, qu’ils ont maintenant " (Cc. Latran IV : DS 801), mais ce corps sera
" transfiguré en corps de gloire " (Ph
3, 21), en " corps spirituel " (1 Co
15, 44) :
Mais, dira-t-on, comment les morts
ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? Insensé ! Ce
que tu sèmes, toi, ne reprend vie, s’il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n’est
pas le corps à venir, mais un grain tout nu (...). On sème de la corruption, il
ressuscite de l’incorruption ; (...) les morts
ressusciteront incorruptibles (...). Il faut en effet que cet être corruptible
revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité (1 Co 15, 35-37. 42. 52-53).
1000 Ce " comment " dépasse notre
imagination et notre entendement ; il n’est accessible que dans la foi.
Mais notre participation à l’Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration
de notre corps par le Christ :
De même que le pain qui vient de la
terre, après avoir reçu l’invocation de Dieu, n’est plus du pain ordinaire,
mais eucharistie, constituée de deux choses, l’une terrestre et l’autre
céleste, de même nos corps qui participent à l’eucharistie ne sont plus
corruptibles, puisqu’ils ont l’espérance de la résurrection (S. Irénée, hær. 4, 18, 4-5)
1001 Quand ? Définitivement " au dernier
jour " (Jn 6, 39-40. 44. 54 ; 11,
24) ; " à la fin du monde " (LG
48). En effet, la résurrection des morts est intimement associée à la Parousie
du Christ :
Car lui-même, le Seigneur, au
signal donné par la voix de l’archange et la trompette de Dieu, descendra du
ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu (1 Th
4, 16).
Ressuscités avec le Christ
1002 S’il est vrai que le Christ nous ressuscitera
" au dernier jour ", il est vrai aussi que, d’une certaine
façon, nous sommes déjà ressuscités avec le Christ. En effet, grâce à l’Esprit
Saint, la vie chrétienne est, dès maintenant sur terre, une participation à la
mort et à la Résurrection du Christ :
Ensevelis avec le Christ lors du
Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la
force de Dieu qui L’a ressuscité des morts (...). Du moment donc que vous êtes
ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le
Christ, assis à la droite de Dieu (Col 2, 12 ; 3, 1)
1003 Unis au Christ par le Baptême, les croyants
participent déjà réellement à la vie céleste du Christ ressuscité (cf. Ph 3, 20), mais cette vie demeure " cachée avec
le Christ en Dieu " (Col 3, 3) " Avec lui Il nous a
ressuscités et fait asseoir au cieux, dans le Christ Jésus " (Ep 2, 6). Nourris de son Corps dans l’Eucharistie, nous
appartenons déjà au Corps du Christ. Lorsque nous ressusciterons au dernier
jour nous serons aussi " manifestés avec lui pleins de
gloire " (Col 3, 3).
1004 Dans l’attente de ce jour, le corps et l’âme du
croyant participent déjà à la dignité d’être " au
Christ " ; d’où l’exigence de respect envers son propre corps,
mais aussi envers celui d’autrui, particulièrement lorsqu’il souffre :
Le corps est pour le Seigneur, et
le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous
ressuscitera, nous aussi, par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps
sont des membres du Christ ? (...) Vous ne vous appartenez pas (...)
Glorifiez donc Dieu dans votre corps (1 Co 6, 13-15.
19-20).
II. Mourir dans le Christ Jésus
1005 Pour ressusciter avec le Christ, il faut mourir
avec le Christ, il faut " quitter ce corps pour aller demeurer auprès
du Seigneur " (2 Co 5, 8). Dans ce
" départ " (Ph 1, 23) qu’est la
mort, l’âme est séparée du corps. Elle sera réunie à son corps le jour de la
résurrection des morts (cf. SPF 28).
La mort
1006 " C’est en face de la mort que l’énigme
de la condition humaine atteint son sommet " (GS
18). En un sens, la mort corporelle est naturelle, mais pour la foi elle est en
fait " salaire du péché " (Rm 6,
23 ; cf. Gn 2, 17). Et pour ceux qui meurent
dans la grâce du Christ, elle est une participation à la mort du Seigneur, afin
de pouvoir participer aussi à sa Résurrection (cf. Rm
6, 3-9 ; Ph 3, 10-11).
1007 La mort est le terme de la vie terrestre.
Nos vies sont mesurées par le temps, au cours duquel nous changeons, nous
vieillissons et, comme chez tous les êtres vivants de la terre, la mort
apparaît comme la fin normale de la vie. Cet aspect de
la mort donne une urgence à nos vies : le souvenir de notre mortalité sert
aussi à nous rappeler que nous n’avons qu’un temps limité pour réaliser notre
vie :
Souviens-toi de ton Créateur aux
jours de ton adolescence, (...) avant que la poussière ne retourne à la terre,
selon qu’elle était, et que le souffle ne retourne à Dieu qui l’avait donné (Qo 12, 1. 7).
1008 La mort est conséquence du péché. Interprète
authentique des affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn
2, 17 ; 3, 3 ; 3, 19 ; Sg 1, 13 ;
Rm 5, 12 ; 6, 23) et de la Tradition, le
Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du
péché de l’homme (cf. DS 1511). Bien que l’homme possédât une nature mortelle,
Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de
Dieu Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg 2, 23-24). " La mort corporelle, à laquelle
l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché " (GS 18), est ainsi " le dernier ennemi "
de l’homme à devoir être vaincu (cf. 1 Co 15, 26).
1009 La mort est transformée par le Christ. Jésus,
le Fils de Dieu, a souffert lui aussi la mort, propre de la condition humaine.
Mais, malgré son effroi face à elle (cf. Mc 14,
33-34 ; He 5, 7-8), il l’assuma dans un acte de
soumission totale et libre à la volonté de son Père. L’obéissance de Jésus a
transformé la malédiction de la mort en bénédiction (cf. Rm
5, 19-21).
Le sens de la mort chrétienne
1010 Grâce au Christ, la mort chrétienne a un sens
positif. " Pour moi, la vie c’est le Christ et mourir un
gain " (Ph 1, 21). " C’est là une
parole certaine : si nous mourons avec lui, nous vivrons avec
lui " (2 Tm 2, 11). La nouveauté
essentielle de la mort chrétienne est là : par le Baptême, le chrétien est
déjà sacramentellement " mort avec le Christ ", pour vivre
d’une vie nouvelle ; et si nous mourons dans la grâce du Christ, la mort
physique consomme ce " mourir avec le Christ " et achève
ainsi notre incorporation à Lui dans son acte rédempteur :
Il est bon pour moi de mourir dans
(eis) le Christ Jésus, plus que de régner sur
les extrémités de la terre. C’est lui que je cherche, qui est mort pour
nous ; lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement
approche (...). Laissez-moi recevoir la pure lumière ; quand je serai
arrivé là, je serai un homme (S. Ignace d’Antioche, Rom. 6, 1-2).
1011 Dans la mort, Dieu appelle l’homme vers Lui. C’est
pourquoi le chrétien peut éprouver envers la mort un désir semblable à celui de
S. Paul : " J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le
Christ " (Ph 1, 23) ; et il peut
transformer sa propre mort en un acte d’obéissance et d’amour envers le Père, à
l’exemple du Christ (cf. Lc 23, 46) :
Mon désir terrestre a été
crucifié ; (...) il y a en moi une eau vive qui murmure et qui dit au
dedans de moi " Viens vers le Père " (S. Ignace d’Antioche,
Rom. 7, 2).
Je veux voir Dieu, et pour le voir
il faut mourir (Ste. Thérèse de Jésus, vida 1).
Je ne meurs pas, j’entre dans la
vie (Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus, verba).
1012 La vision chrétienne de la mort (cf. 1 Th 4,
13-14) est exprimée de façon privilégiée dans la liturgie de l’Église :
Pour tous ceux qui croient en toi,
Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ; et lorsque
prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les
cieux (MR, Préface des défunts).
1013 La mort est la fin du pèlerinage terrestre de
l’homme, du temps de grâce et de miséricorde que Dieu lui offre pour réaliser
sa vie terrestre selon le dessein divin et pour décider son destin ultime.
Quand a pris fin " l’unique cours de notre vie terrestre "
(LG 48), nous ne reviendrons plus à d’autres vies
terrestres. " Les hommes ne meurent qu’une fois " (He 9, 27). Il n’y a pas de
" réincarnation " après la mort.
1014 L’Église nous encourage
à nous préparer pour l’heure de notre mort (" Délivre-nous, Seigneur,
d’une mort subite et imprévue " : ancienne Litanie des saints),
à demander à la Mère de Dieu d’intercéder pour nous " à l’heure de
notre mort " (Prière Ave Maria), et à nous confier à saint Joseph,
patron de la bonne mort :
Dans toutes tes actions, dans
toutes tes pensées tu devrais te comporter comme si tu devais mourir
aujourd’hui. Si ta conscience était en bon état, tu ne craindrais pas beaucoup
la mort. Il vaudrait mieux se garder de pécher que de fuir la mort. Si aujourd’hui
tu n’es pas prêt, comment le seras-tu demain ? (Imitation du Christ 1, 23,
1).
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour
sœur notre mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper. Malheur à
ceux qui mourront dans les péchés mortels, heureux ceux qu’elle trouvera dans
ses très saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera pas mal (S.
François d’Assise, cant.).
Article 12
" JE CROIS A LA VIE ETERNELLE "
1020 Le chrétien qui unit sa propre mort à celle de
Jésus voit la mort comme une venue vers Lui et une entrée dans la vie
éternelle. Lorsque l’Église a, pour la dernière fois, dit les paroles de pardon
de l’absolution du Christ sur le chrétien mourant, l’a scellé pour la dernière
fois d’une onction fortifiante et lui a donné le Christ dans le viatique comme
nourriture pour le voyage, elle lui parle avec une douce assurance :
Quitte ce monde, âme chrétienne, au
nom du Père Tout-Puissant qui t’a créé, au nom de
Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, qui a souffert pour toi, au nom du Saint-Esprit qui a été répandu en toi. Prends ta place
aujourd’hui dans la paix, et fixe ta demeure avec Dieu dans la sainte Sion,
avec la Vierge Marie, la Mère de Dieu, avec saint Joseph, les anges et tous les
saints de Dieu (...). Retourne auprès de ton Créateur qui t’a formé de la
poussière du sol. Qu’à l’heure où ton âme sortira de ton corps, Marie, les
anges et tous les saints se hâtent à ta rencontre (...). Que tu puisses voir
ton Rédempteur face à face ... (OEx
" Commendatio animæ ").
. Le jugement
particulier
1021 La mort met fin à la vie de l’homme comme temps
ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestée dans le Christ
(cf. 2 Tm 1, 9-10). Le Nouveau Testament parle du
jugement principalement dans la perspective de la rencontre finale avec le
Christ dans son second avènement, mais il affirme aussi à plusieurs reprises la
rétribution immédiate après la mort de chacun en fonction de ses œuvres et de
sa foi. La parabole du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 22)
et la parole du Christ en Croix au bon larron (cf. Lc
23, 43), ainsi que d’autres textes du Nouveau Testament (cf. 2 Co 5, 8 ; Ph 1, 23 ; He 9, 27 ; 12, 23) parlent d’une destinée ultime de
l’âme (cf. Mt 16, 26) qui peut être différente pour les unes et pour les
autres.
1022 Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa
rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie
au Christ, soit à travers une purification (cf. Cc.
Lyon : DS 857-858 ; Cc. Florence : DS
1304-1306 ; Cc. Trente : DS 1820), soit
pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel (cf. Benoît XII : DS 1000-1001 ; Jean XXII :
DS 990), soit pour se damner immédiatement pour toujours (cf. Benoît XII : DS 1002).
Au soir de notre vie, nous serons
jugés sur l’amour (S. Jean de la Croix, dichos 64)
II. Le Ciel
1023 Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de
Dieu, et qui sont parfaitement purifiées, vivent pour toujours avec le Christ.
Ils sont pour toujours semblables à Dieu, parce qu’ils le voient
" tel qu’il est " (1 Jn 3, 2),
face à face (cf. 1 Co 13, 12 ; Ap 22, 4) :
De notre autorité apostolique nous
définissons que, d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de tous les
saints (...) et de tous les autres fidèles morts après avoir reçu le saint
Baptême du Christ, en qui il n’y a rien eu à purifier lorsqu’ils sont morts,
(...) ou encore, s’il y a eu ou qu’il y a quelque chose à purifier, lorsque,
après leur mort, elles auront achevé de le faire, (...) avant même la
résurrection dans leur corps et le Jugement général, et cela depuis l’Ascension
du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ au ciel, ont été, sont et seront au ciel,
au Royaume des cieux et au Paradis céleste avec le Christ, admis dans la
société des saints anges. Depuis la passion et la mort de notre Seigneur
Jésus-Christ, elles ont vu et voient l’essence divine d’une vision intuitive et
même face à face, sans la médiation d’aucune créature (Benoît XII : DS 1000 ; cf. LG
49).
1024 Cette vie parfaite avec la Très Sainte Trinité,
cette communion de vie et d’amour avec Elle, avec la Vierge Marie, les anges et
tous les bienheureux est appelée " le ciel ". Le ciel est
la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme,
l’état de bonheur suprême et définitif.
1025 Vivre au ciel c’est " être avec le
Christ " (cf. Jn 14, 3 ; Ph 1, 23 ; 1 Th 4, 17). Les élus vivent " en
Lui ", mais ils y gardent, mieux, ils y trouvent leur vraie identité,
leur propre nom (cf. Ap 2, 17) :
Car la vie c’est d’être avec le
Christ : là où est le Christ, là est la vie, là est le royaume. (S.
Ambroise, Luc. 10, 121: PL 15, 1834A).
1026 Par sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ nous a
" ouvert " le ciel. La vie des bienheureux consiste dans la
possession en plénitude des fruits de la rédemption opérée par le Christ qui
associe à sa glorification céleste ceux qui ont cru en Lui et qui sont demeurés
fidèles à sa volonté. Le ciel est la communauté bienheureuse de tous ceux qui
sont parfaitement incorporés à Lui.
1027 Ce mystère de communion bienheureuse avec Dieu et
avec tous ceux qui sont dans le Christ dépasse toute compréhension et toute
représentation. L’Écriture nous en parle en
images : vie, lumière, paix, festin de noces, vin du royaume, maison du
Père, Jérusalem céleste, paradis : " Ce que l’œil n’a pas vu, ce
que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout
ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment " (1 Co
2, 9).
1028 A cause de sa transcendance, Dieu ne peut être vu
tel qu’Il est que lorsqu’il ouvre lui-même son mystère à la contemplation
immédiate de l’homme et qu’Il lui en donne la capacité. Cette contemplation de
Dieu dans sa gloire céleste est appelée par l’Église " la vision
béatifique " :
Quelle ne sera pas ta gloire et ton
bonheur : être admis à voir Dieu, avoir l’honneur de participer aux joies
du salut et de la lumière éternelle dans la compagnie du Christ le Seigneur ton
Dieu, (...) jouir au Royaume des cieux dans la compagnie des justes et des amis
de Dieu, les joies de l’immortalité acquise (S. Cyprien, ep.
56, 10, 1 : PL 4, 357B).
1029 Dans la gloire du ciel, les bienheureux continuent
d’accomplir avec joie la volonté de Dieu par rapport aux autres hommes et à la
création toute entière. Déjà ils règnent avec le Christ ; avec Lui
" ils régneront pour les siècles des siècles " (Ap 22, 5 ; cf. Mt 25, 21. 23).
III. La purification finale ou
Purgatoire
1030 Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de
Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel,
souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté
nécessaires pour entrer dans la joie du ciel .
1031 L’Église appelle Purgatoire
cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment
des damnés. L’Église a formulé la doctrine de la foi
relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence (cf. DS 1304) et de
Trente (cf. DS 1820 ; 1580). La tradition de l’Église, faisant référence à
certains textes de l’Écriture (par exemple 1 Co 3,
15 ; 1 P 1, 7), parle d’un feu purificateur :
Pour ce qui est de certaines fautes
légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu purificateur,
selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu’un a
prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans
ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous
pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci,
mais certaines autres dans le siècle futur (S. Grégoire le Grand, dial. 4, 39).
1032 Cet enseignement s’appuie aussi sur la pratique de
la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte Écriture :
" Voilà pourquoi il (Judas Maccabée) fit
faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de
leur péché " (2 M 12, 46). Dès les premiers temps, l’Église a honoré
la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier
le sacrifice eucharistique (cf. DS 856 ;), afin que, purifiés, ils
puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église
recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en
faveur des défunts :
Portons-leur secours et faisons
leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de
leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que
nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ?
N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières
pour eux (S. Jean Chrysostome, hom. in 1 Cor. 41,
5 : PG 61, 361C).
IV. L’enfer
1033 Nous ne pouvons pas être unis à Dieu à moins de
choisir librement de l’aimer. Mais nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous
péchons gravement contre Lui, contre notre prochain ou contre nous-mêmes :
" Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère
est un homicide ; or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle
demeurant en lui " (1 Jn 3, 15). Notre
Seigneur nous avertit que nous serons séparés de Lui si nous omettons de
rencontrer les besoins graves des pauvres et des petits qui sont ses frères
(cf. Mt 25, 31-46). Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans
accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour
toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion
définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par
le mot " enfer ".
1034 Jésus parle souvent de la
" géhenne " du " feu qui ne s’éteint
pas " (cf. Mt 5, 22. 29 ; 13, 42. 50 ; Mc
9, 43-48), réservé à ceux qui refusent jusqu’à la fin de leur vie de croire et
de se convertir , et où peuvent être perdus à la fois
l’âme et le corps (cf. Mt 10, 28). Jésus annonce en termes graves qu’il
" enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d’iniquité
(...), et les jetteront dans la fournaise ardente " (Mt 13, 41-42),
et qu’il prononcera la condamnation : " Allez loin de moi,
maudits, dans le feu éternel ! " (Mt 25, 41).
1035 L’enseignement de l’Église affirme l’existence de
l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel
descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les
peines de l’enfer, " le feu éternel " (cf. DS 76 ;
409 ; 411 ; 801 ; 858 ; 1002 ; 1351 ; 1575 ;
SPF 12). La peine principale de l’enfer consiste en
la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le
bonheur pour lesquels il a été crée et auxquels il aspire.
1036 Les affirmations de la Sainte Écriture et les
enseignements de l’Église au sujet de l’enfer sont un appel à la
responsabilité avec laquelle l’homme doit user de sa liberté en vue de son
destin éternel. Elles constituent en même temps un appel pressant à la
conversion : " Entrez par la porte étroite. Car large et
spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le
prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la
Vie, et il en est peu qui le trouvent " (Mt 7, 13-14) :
Ignorants du jour et de l’heure, il
faut que, suivant l’avertissement du Seigneur, nous restions constamment
vigilants pour mériter, quand s’achèvera le cours unique de notre vie
terrestre, d’être admis avec lui aux noces et comptés parmi les bénis de Dieu,
au lieu d’être, comme de mauvais et paresseux serviteurs, écartés par l’ordre
de Dieu vers le feu éternel, vers ces ténèbres du dehors où seront les pleurs et
les grincements de dents (LG 48).
1037 Dieu ne prédestine personne à aller en enfer (cf.
DS 397 ; 1567) ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu
(un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin.Dans
la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles,
l’Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut " que personne ne
périsse, mais que tous arrivent au repentir " (2 P 3, 9) :
Voici l’offrande que nous
présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille entière : dans
ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix de notre vie,
arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus (MR, Canon Romain
88).
V. Le Jugement dernier
1038 La résurrection de tous les morts, " des
justes et des pécheurs " (Ac 24, 15),
précédera le Jugement dernier. Ce sera " l’heure où ceux qui gisent
dans la tombe en sortiront à l’appel de la voix du Fils de l’Homme ; ceux
qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal
pour la damnation " (Jn 5, 28-29). Alors le
Christ " viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges (...).
Devant lui seront rassemblés toutes les nations, et il séparera les gens les
uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera
les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche (...). Et ils s’en iront,
ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle " (Mt
25, 31. 32. 46).
1039 C’est face au Christ qui est la Vérité que sera
définitivement mise à nu la vérité sur la relation de chaque homme à Dieu (cf. Jn 12, 49). Le jugement dernier révélera jusque dans ses
ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa
vie terrestre :
Tout le mal que font les méchants
est enregistré – et ils ne le savent pas. Le Jour où " Dieu ne se
taira pas " (Ps 50, 3) (...) Il se tournera vers les mauvais :
" J’avais, leur dira-t-il, placé sur terre mes petits pauvres, pour
vous. Moi, leur chef, je trônais dans le ciel à la droite de mon Père – mais
sur la terre mes membres avaient faim. Si vous aviez donné à mes membres, ce
que vous auriez donné serait parvenu jusqu’à la tête. Quand j’ai placé mes
petits pauvres sur la terre, je les ai institués vos commissionnaires pour
porter vos bonnes œuvres dans mon trésor : vous n’avez rien déposé dans
leurs mains, c’est pourquoi vous ne possédez rien auprès de moi " (S.
Augustin, serm. 18, 4, 4 : PL 38, 130-131).
1040 Le jugement dernier interviendra lors du retour
glorieux du Christ. Le Père seul en connaît l’heure et le jour, Lui seul décide
de son avènement. Par son Fils Jésus-Christ Il prononcera alors sa parole
définitive sur toute l’histoire. Nous connaîtrons le sens ultime de toute
l’œuvre de la création et de toute l’économie du salut, et nous comprendrons
les chemins admirables par lesquels Sa Providence aura conduit toute chose vers
sa fin ultime. Le jugement dernier révélera que la justice de Dieu triomphe de
toutes les injustices commises par ses créatures et que son amour est plus fort
que la mort (cf. Ct 8, 6).
1041 Le message du Jugement dernier appelle à la
conversion pendant que Dieu donne encore aux hommes " le temps
favorable, le temps du salut " (2 Co 6, 2).
Il inspire la sainte crainte de Dieu. Il engage pour la justice du Royaume de
Dieu. Il annonce la " bienheureuse espérance " (Tt 2, 13)
du retour du Seigneur qui " viendra pour être glorifié dans ses
saints et admiré en tous ceux qui auront cru " (2 Th 1, 10).
VI. L’espérance des cieux
nouveaux et de la terre nouvelle
1042 A la fin des temps, le
Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Après le jugement universel, les
justes régneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et
l’univers lui-même sera renouvelé :
Alors l’Église sera
" consommée dans la gloire céleste, lorsque, avec le genre humain,
tout l’univers lui-même, intimement uni avec l’homme et atteignant par lui sa
destinée, trouvera dans le Christ sa définitive perfection " (LG 48).
1043 Cette rénovation mystérieuse, qui transformera
l’humanité et le monde, la Sainte Écriture l’appelle " les cieux
nouveaux et la terre nouvelle " (2 P 3, 13 ; cf. Ap 21, 1). Ce sera la réalisation définitive du dessein de
Dieu de " ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les
êtres célestes comme les terrestres " (Ep
1, 10).
1044 Dans cet " univers nouveau " (Ap 21, 5), la Jérusalem céleste, Dieu aura sa demeure parmi
les hommes. " Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort,
il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus,
car l’ancien monde s’en est allé " (Ap 21,
4 ; cf. 21, 27).
1045 Pour l’homme, cette consommation sera la
réalisation ultime de l’unité du genre humain, voulue par Dieu dès la création
et dont l’Église pérégrinante était " comme
le sacrement " (LG 1). Ceux qui seront unis
au Christ formeront la communauté des rachetés, la Cité Sainte de Dieu (Ap 21, 2), " l’Épouse de l’Agneau " (Ap 21, 9). Celle-ci ne sera plus blessée par le péché, les
souillures (cf. Ap 21, 27), l’amour propre, qui
détruisent ou blessent la communauté terrestre des hommes. La vision béatifique,
dans laquelle Dieu s’ouvrira de façon inépuisable aux élus, sera la source
intarissable de bonheur, de paix et de communion mutuelle.
1046 Quant au cosmos, la Révélation affirme la profonde
communauté de destin du monde matériel et de l’homme :
Car la création en attente aspire à
la révélation des fils de Dieu (...) avec l’espérance d’être elle aussi libérée
de la servitude de la corruption. (...) Nous le savons en effet, toute la
création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule ;
nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous
gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre
corps (Rm 8, 19-23).
1047 L’univers visible est donc destiné, lui aussi, à
être transformé, " afin que le monde lui-même, restauré dans son
premier état, soit, sans plus aucun obstacle, au service des
justes ", participant à leur glorification en Jésus-Christ ressuscité
(S. Irénée, hær. 5, 32, 1).
1048 " Nous ignorons le temps de
l’achèvement de la terre et de l’humanité, nous ne connaissons pas le mode
de transformation du cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce monde déformée
par le péché ; mais nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle
demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude
comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de
l’homme " (GS 39, § 1).
1049 " Mais l’attente de la terre nouvelle,
loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le
réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre
déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement
distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès
a cependant beaucoup d’importance pour le royaume de Dieu, dans la mesure où il
peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine "
(GS 39, § 2).
1050 " Car tous les fruits excellents de
notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le
commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard,
mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ
remettra à son Père le royaume éternel et universel " (GS 39, § 3 ; cf. LG 2). Dieu
sera alors " tout en tous " (1 Co
15, 28), dans la vie éternelle :
La vie subsistante et vraie, c’est
le Père qui, par le Fils et en l’Esprit Saint, déverse sur tous sans exception
les dons célestes. Grâce à sa miséricorde, nous aussi, hommes, nous avons reçu
la promesse indéfectible de la vie éternelle (S. Cyrille de Jérusalem, catech. ill. 18, 29 : PG 33,
1049).
" Amen "
1061 Le Credo, comme aussi le dernier livre de
l’Écriture Sainte (cf. Ap 22, 21), se termine avec le
mot hébreu Amen. On le trouve fréquemment à la fin des prières du
Nouveau Testament. De même, l’Église termine ses prières par
" Amen ".
1062 En hébreux, " Amen " se
rattache à la même racine que le mot " croire ". Cette
racine exprime la solidité, la fiabilité, la fidélité. Ainsi on comprend
pourquoi le " Amen " peut être dit de la fidélité de Dieu
envers nous et de notre confiance en Lui.
1063 Dans le prophète Isaïe on trouve l’expression
" Dieu de vérité ", littéralement " Dieu de
l’Amen ", c’est-à-dire le Dieu fidèle à ses promesses :
" Quiconque voudra être béni sur terre voudra être béni par le Dieu
de l’Amen " (Is 65, 16). Notre Seigneur
emploie souvent le terme " Amen " (cf. Mt 6, 2. 5. 16),
parfois sous forme redoublée (cf. Jn 5, 19), pour
souligner la fiabilité de son enseignement, son Autorité fondée sur la Vérité
de Dieu.
1064 L’" Amen " final du Credo
reprend et confirme donc ses deux premiers mots : " Je
crois ". Croire, c’est dire " Amen " aux paroles,
aux promesses, aux commandements de Dieu, c’est se fier totalement en Celui qui
est l’" Amen " d’infini amour et de parfaite fidélité. La
vie chrétienne de chaque jour sera alors l’" Amen " au
" Je crois " de la Profession de foi de notre
Baptême :
Que ton Symbole soit pour toi comme un miroir. Regarde-toi en
lui : pour voir si tu crois tout ce que tu déclares croire. Et réjouis-toi
chaque jour en ta foi (S. Augustin, serm. 58, 11,
13 : PL 38, 399).
1065 Jésus-Christ lui-même est
" l’Amen " (Ap 3, 14). Il est
l’" Amen " définitif de l’amour du Père pour nous ; il
assume et achève notre " Amen " au Père : " Toutes
les promesses de Dieu ont en effet leur ‘oui’ en lui ; aussi bien est-ce
par lui que nous disons notre ‘Amen’ à la gloire de Dieu " (2 Co 1, 20) :
Par Lui, avec Lui et en Lui,
à toi, Dieu le
Père Tout-Puissant,
dans l’unité du Saint-Esprit,
tout honneur et
toute gloire,
pour les siècles
des siècles.
AMEN.